
MANAGEMENT ET DEVELOPPEMENT: LES AMP ET PMD 2013 PERFECTIONNENT LEURS SAVOIRS
19/04/2013
FINVEST 1ère édition, POUR UN PARTENARIAT FORT ENTRE INVESTISSEURS ET ENTREPRENEURS
02/05/2013
La deuxième édition du Forum de l’investissement privé et de l’entrepreneuriat (FINVEST), une initiative de MDE Business School (ex-IHE-Afrique) se tiendra courant juin 2013. Avant cette échéance, le consultant Yves Ouya, directeur du forum parle du concept de business angel que découvrent de nombreux Ivoiriens. Il dresse le bilan de la première édition et donne les raisons pour lesquels les détenteurs de fonds doivent intégrer le réseau des business angels.
Quels sont les résultats de la 1ère édition du Forum de l’investissement privé et de l’entrepreneuriat (FINVEST) qui s’est déroulé en janvier dernier. Avez-vous atteint vos objectifs?
Le premier résultat pour MDE business school et moi, c’est que c’est un projet qui est devenu réalité. En octobre 2012, quand nous avons envisagé de lancer le FINVEST, c’était une idée qui avait été discutée pendant plusieurs mois entre les managers de MDE Business school et des anciens étudiants ou Alumni, notamment ceux de l’année 2011.
Seconde satisfaction, nous avons eu une formation effective, de qualité. Des entrepreneurs qui ont participé au FINVEST. Lorsqu’on dit à un entrepreneur de participer à une formation avant de rencontrer un investisseur, il vous répond que ce qui lui importe, c’est de juste le rencontrer. Mais après le forum, beaucoup d’entrepreneurs qui n’ont pas été sélectionnés pour présenter leurs projets aux investisseurs sont venus nous voir pour nous remercier parce qu’ils ont appris beaucoup à travers cette formation. Car en tant que chefs d’entreprises, on a énormément appris et nous allons nous préparer pour le prochain forum. Pour moi, ça été une satisfaction parce que je craignais que les gens soient gagnés par le découragement. La formation a été telle que beaucoup ont estimé qu’ils n’étaient pas prêts à aller se présenter devant ces investisseurs. Nous avons couplé le volet formation parce qu’on estime qu’en Afrique, les chefs d’entreprise, des PME, ont besoin d’être encore mieux formés pour arriver à un certain niveau de qualité de management pour pouvoir être mieux outillés pour défendre leurs projets. Il ne suffit pas de venir se présenter devant un investisseur. Souvent on n’a qu’une seule fois la chance de se retrouver devant un investisseur et la première impression qu’il se fait de vous suffit. Vous pouvez revenir avec un autre dossier mais s’il n’est pas convaincu, c’est fini. L’importance du manager ou chef d’entreprise est essentielle dans la confiance qu’on met dans un projet.
Une autre satisfaction car sur 40 projets présentés au départ, il y a eu 25 qui ont été sélectionnés pour participer au forum. Et à la suite des formations, seuls 6 ont été retenus pour être présentés au forum devant les investisseurs. Ils ont été appréciés par les investisseurs, des contacts se sont noués automatiquement parce que les présentations et les projets en eux-mêmes étaient de qualité. Nous ne visons pas la quantité mais plutôt la qualité du projet qui fasse que des gens puissent se dire qu’ils ont envie d’investir dans ces projets parce que ce sont des projets bien structurés, bien présentés. Et la personne qui présente le projet est quelqu’un qui me paraît connaître son projet, son marché. Ce qui fait notre satisfaction.
Est-ce qu’on a la certitude que les 6 projets seront financés ?
Ces 6 projets ont réussi à avoir des contacts avec des investisseurs qui ont effectivement noué avec eux un processus de négociation. En matière d’affaires, la négociation peut durer jusqu’à 6 mois avant que les deux parties n’accèdent au financement. Il y a plusieurs étapes. Nous nous rencontrons pour échanger les informations, parfois nous (investisseurs) reprenons le plan d’actions pour voir si la rentabilité qui nous a été annoncée est la bonne puis on a des discussions intuiti personae pour voir si la première impression qu’on a eue sur l’entreprise et sur le management est la bonne. Au final, quand on est satisfait on finance. Ce que nous voulons dire, c’est que ce type de forum n’est pas un forum où il y a un fonds disponible pour financer les projets. On a la certitude qu’au moins un projet sera financé. Avec les différents contacts, les accompagnements qui peuvent se faire, notre souhait c’est qu’effectivement au moins un projet soit financé. On accompagne indirectement les entrepreneurs et les investisseurs, afin qu’ils puissent ensemble lever tous les obstacles au fur et à mesure et arriver à un partenariat définitif et une signature de contrat entre les uns et les autres.
Lorsque vous parlez d’accompagnement, de quoi s’agit-il ?
A l’issue des rencontres B to B, ils peuvent nous appeler pour nous informer de ce qu’ils doivent rencontrer un tel. J’aimerais avoir un conseil sur telle action à mener, nous ne sommes pas partie prenante des négociations. Elles se passent entre l’investisseur et l’entrepreneur mais nous jouons un rôle de facilitateur, c’est-à-dire qu’on leur permet de mieux se comprendre sans être engagés juridiquement. Lorsqu’ils ont des doutes, ils nous interpellent et nous leur donnons les moyens de continuer.
Est-ce qu’on peut dire qu’il y a des business Angel en Côte d’Ivoire ?
Il y en a. L’objectif pour nous, dès que ces business Angel auront noué leurs premières affaires, c’est de faire en sorte qu’ils puissent constituer le premier réseau quel que soit leur nombre. Pour que celui-ci soit renforcé par un second lors du prochain forum.
Quand on sait les difficultés pour obtenir les financements pour les entreprises, vu les résultats de la première édition du forum, peut-il vraiment aider à couvrir les besoins ?
L’option Business Angel ne doit pas être la panacée, mais un complément d’un ensemble de stratégies qui sont mises en place. L’Etat ivoirien a sa propre stratégie globale pour faire venir les investisseurs ; donc il s’agit de faire en sorte que notre code d’investissement soit attrayant, faire en sorte que la justice ne soit pas un frein à l’investissement. Au-delà de l’Etat, il y a des acteurs financiers, les banques, les fonds d’investissement. Nous, en tant que Business Angel, nous venons compléter l’arsenal financier qui existe en Côte d’Ivoire parce que nous estimons qu’il y a un manque à un certain stade de l’évolution des entreprises en matière de financement. C’est ce manque qu’on veut combler mais au-delà, les autres acteurs joueront leur part. Si les entrepreneurs sont mieux formés, si au démarrage, le nombre d’entreprise qui disparaissent diminue parce que ces entrepreneurs là trouvent des financements, il est clair que ceux qui sont en aval auront plus d’acteurs financiers solides en face d’eux. Ce n’est pas une panacée pour nous. Ce que nous disons, c’est un complément à l’arsenal qui existe déjà.
Vous avez défini le terme de Business Angel qui est une personne physique. Est-ce que les établissements financiers qui estiment que ce processus est intéressant peuvent par un moyen ou un autre se constituer Business Angel ?
Traditionnellement, c’est un métier que ne font pas les banquiers parce que le Business Angel, c’est ce qu’on appelle le capital risque. A la différence d’autres structures de capital risque, il investit son propre argent. Le business Angel est réservé aux personnes physiques qui peuvent se constituer en association. Mais surtout à cause de la prise de risque, ce sont des personnes qui peuvent avoir d’autres activités et peuvent par conséquent investir en tant que personnes physiques dans un projet qui les intéresse. J’investis dans un projet parce qu’à partir des informations dont je dispose, tel ou tel produit peut rapporter. Le business Angel, c’est quelqu’un qui est informé et qui s’informe avant tout.
Comment faites-vous pour les décider à investir leur argent dans des initiatives risquées?
C’est un peu une action d’évangélisation. Culturellement, il y a une habitude de discrétion au niveau des Ivoiriens mais ce que nous expliquons aux uns et aux autres, c’est qu’effectivement, ceux qui ont un minimum de patrimoine puissent le diversifier ; on peut investir en capital, prendre des actions dans de jeunes entreprises, des PME. Si on a eu les conseils, la certitude que ces entreprises peuvent dégager une rentabilité intéressante, pour l’investisseur dans les années à venir. Ce qu’on fait, ce sont des approches individuelles. On approche les uns et les autres, certains acceptent le principe et d’autres non. Mais on est convaincu qu’au fur et à mesure de nos initiatives, il y aura un groupe de personnes qui auront de l’engouement face à ce genre de risques. Parce que le gain peut être exponentiel à certains moments. Vous pouvez avoir une entreprise qui existait à peine aujourd’hui et qui demain peut devenir l’une des plus grandes entreprises du pays. Et vous, pour avoir investi au bon moment, vous vous retrouvez au final avec un patrimoine qui est multiplié par X.
Qu’est-ce qui différencie le business angel du banquier ?
Avec les business angels, il ne s’agit pas de financer des entreprises qui ont déjà un bon nombril économique, qui ont déjà des assises économiques solides. Il s’agit de prendre un risque. A un moment, quand une entreprise est créée, c’est d’abord avec ses avoirs et si possible avec d’autres actionnaires. Quand on évolue avec cette entreprise, on arrive à une situation où on n’a jamais assez d’argent parce que le projet qu’on veut faire demande plus d’argent et donc l’entrepreneur se retrouve en ce moment bloqué dans la réalisation de son projet. Beaucoup d’entreprises sont à l’arrêt parce qu’elles vivent cette situation où il n’y a plus assez d’argent pour pouvoir continuer l’activité. Depuis des décennies, aux Etats Unis par exemple, ce problème s’est posé à des entreprises et des personnes ont décidé de créer le métier de Business Angel. Elles ont dit : on va regarder les entreprises, voir celles qui sont rentables, les financer et faire en sorte qu’elles deviennent plus tard de grandes entreprises. Mais comme on l’explique toujours, lorsque vous êtes le premier ou le seul à financer un projet et qu’il prend forme, le produit de ce risque-là, le gain immédiat, vous êtes fondamentalement le seul à en profiter. C’est ce que les Business Angel ont compris à un moment donné, vu qu’il y a des entreprises où il y a beaucoup de risques. Parce que d’abord, il s’agit juste d’un projet pour lequel l’entreprise n’a pas suffisamment de fonds propres. Les propriétaires ne disposent pas d’assez d’argent et au cas où le projet n’aboutit pas, celui qui investit son argent le perd automatiquement. Beaucoup d’acteurs financiers ne veulent pas prendre ce type de risques. A tort ou à raison, particulièrement pour les banques commerciales, ce n’est pas leur métier de prendre ce genre de risques. Le Business Angel, lui, prend ce type de risques. Il se dit qu’il prend ce risque à ce moment précis mais il le fait parce qu’il a étudié le projet, il l’a analysé et est arrivé à la conclusion que si le promoteur tient un an ou deux, le projet va lui rapporter beaucoup d’argent. Voilà un peu le principe.
Akani Emmanuel